Evaluation des responsables des aéroports selon des critères prédéfinis, contrat de performance indexé aux primes, réunions cycliques pour l’évaluation des prestations et services…Le ministère des Transports a décidé de tracer une feuille de route destinée à mettre fin aux lacunes relevées dans la gestion des aéroports. In fine, il s’agit d’améliorer les services au profit des voyageurs.
L’Ecole nationale supérieure maritime de Bou Ismaïl, à Tipasa, a abrité samedi une rencontre d’évaluation de l’activité du transport aérien à travers les aéroports, présidée par Mohamed-El Habib Zahana, ministre des Transports. Outre la présence des présidents-directeurs généraux d’Air Algérie et de la Société de gestion des services et infrastructures aéroportuaires (SGSIA) et du directeur général de l’Agence nationale de l’aviation civile, la rencontre a vu également la participation des directeurs des 36 aéroports que compte l’Algérie.
Il faut dire que ce sont de véritables états généraux du secteur du transport aérien qu’a accueillis Bou Ismaïl eu égard à son ordre du jour, mais surtout par rapport aux objectifs escomptés : améliorer les services dispensés par les différents départements, structures et intervenants au niveau des aéroports et optimiser les prestations suivant des critères techniques d’évaluation et un contrat de performance clairs. Mais d’abord un état des lieux. Dans son allocution inaugurale, le ministre des Transports a dressé un tableau peu reluisant de la situation suite à ses différentes visites et celles des cadres de son département effectuées à travers le réseau aéroportuaire national.
«Nous avons enregistré dans les aéroports nombre de lacunes relatives aux prestations et à la gestion de certaines structures d’aéroports. Nous avons relevé également des carences en termes de coordination entre des entreprises de gestion aéroportuaire, des compagnies aériennes ainsi qu’avec d’autres intervenants, ce qui fatalement impacte négativement les services dispensés et partant à l’insatisfaction des voyageurs», résume-t-il.
Des primes indexées aux résultats
Afin de juguler ces lacunes et carences, Zahana a annoncé un système d’évaluation des services dispensés dans le secteur du transport aérien suivant des critères rigoureux. Une sorte d’un contrat de performance aux résultats duquel sera indexée la partie variable (primes…) des salaires des cadres gestionnaires des aéroports.Ces critères d’évaluation s’articulent essentiellement sur quatre axes, dont notamment la réduction du temps de traitement des embarquements des aéroports,l’optimisation de la gestion de la livraison des bagages ainsi que la mise en place des points d’orientation et d’information au niveau des aéroports.
Aussi, il est question d’offrir aux voyageurs toutes les commodités de confort, particulièrement en termes de disponibilité des sièges, salles de prière et sanitaires ainsi que la prise en charge des handicapés. Et dans l’optique d’apporter davantage d’efficacité au système du transport aérien, le ministre a instruit tous les intervenants dans l’activité du transport aérien de s’engager à lancer les projets inscrits et les réceptionner suivant les délais contractuels, de prendre toutes les mesures requises pour une meilleure prise en charge des voyageurs, d’améliorer les services et prestations au niveau des aéroports, d’investir dans la formation de la ressource humaine, de généraliser l’utilisation des TIC et d’améliorerla situation financière des entreprises de gestion des services aéroportuaires.
C’est, en effet, à l’aune de la réalisation de ces engagements que l’évaluation sera faite. «Notre objectif principal est de satisfaire les voyageurs ainsi que la concrétisation de notre stratégie visant à faire de l’Algérie un hub international et un maillon de jonction entre les villes africaines et le monde», annonce-t-il. Pour ce faire, Zahana a assuré les entreprises intervenantes dans le transport aérien que les pouvoirs publics sont mobilisés pour donner corps à cette feuille de route.
«Des rencontres d’évaluation seront désormais cycliques, soit deux fois dans l’année, pour avoir un tableau de bord bien précis sur l’évolution de la situation», a souligné le ministre. Ainsi, l’objectif est de hisser nos aéroports et compagnies au rang des entreprises respectant strictement les standards les plus rigoureux en la matière. Dans cette optique, Zahana a enjoint à tous les services de s’engager à créer l’environnement idoine pour ce saut qualitatif, avec la prise en compte du contenu du contrat de performance.
Mobilisation pour le hadj et la saison estivale
S’agissant des investissements publics consentis pour la modernisation du secteur du transport aérien, Mohamed-El Habib Zahana a annoncé qu’une enveloppe financière dépassant les 10 milliards de dinars a été mobilisée durant l’exercice 2023 et au titre du programme sectoriel pour la dotation de tous les aéroports de systèmes de caméras thermiques, le renforcement des aéroports avec de nouveaux scanners, la numérisation et la consolidation du réseau de surveillance par vidéo dans nombre d’aéroports, le réaménagement des clôtures externes ainsi que les parcours de patrouilles dans les périmètres aéroportuaires, outre la réalisation d’études de projets de protection des aéroports de Chlef et d’El Bayadh contre le risque des inondations.
«Nous avons procédé cette année à l’inscription d’études d’extension des stations aériennes des aéroports de Tamanrasset et d’Oran ainsi que celle du projet d’aménagement de l’aéroport de Bordj Badji Mokhtar, en plus du programme d’acquisition de nouveaux avions pour renforcer la flotte d’Air Algérie», dira le ministre. Ce dernier a fait savoir également que le secteur du transport aérien connaît une véritable dynamique, notamment après la levée des restrictions après la fin de la pandémie de la Covid-19 qui a lourdement impacté le secteur. Il a révélé que durant l’année écoulée, les 36 aéroports ont enregistré 15,4 millions de voyageurs, à savoir 6,5 millions pour des vols domestiques et 8,9 millions qui ont voyagé sur des lignes internationales, dépassant ainsi le nombre de voyageurs enregistrés avant la Covid.
«En 2019, le nombre de voyageurs a été de 14,3 millions», compare-t-il. Idem pour les cargaisons transportées par voie aérienne. La tendance est également haussière. «L’aéroport d’Alger a connu un flux de voyageurs en 2023 atteignant les huit millions, dont 5,6 millions ont emprunté des lignes internationales. Nous avons aussi enregistré un volume de cargaison de 42.400 tonnes durant la même année», précise-t-il.
Par ailleurs, Zahana a révélé que la rencontre d’évaluation organisée hier est une occasion pour apporter les ultimes retouches en prévision de la période du hadj et de la saison estivale qui connaissent un afflux important de pèlerins et de voyageurs. «12 aéroports sont mobilisés pour acheminer nos pèlerins aux Lieux Saints de l’Islam. Nous tenons à ce que toutes les conditions de prise en charge et de confort, que ce soit en matière d’accueil dans les aéroports ou de transport aérien, soient réunies»,prévoit-il. Idem pour la saison estivale qui connaît un flux important de voyageurs, notamment avec notre communauté nationale établie à l’étranger.
Amirouche Lebbal
