Prévention des risques majeurs et climatiques : Combiner les solutions humaines et technologiques

En prévision de la saison estivale 2024, les collectivités locales se sont penchées récemment sur les risques de cette saison et les moyens permettant d’assurer leur prévention, notamment dans les territoires vulnérables.

Supervisant les travaux des commissions locales de prévention des risques des feux de forêts, des walis ont mis l’accent sur la conjugaison de tous moyens préventifs, notamment ceux destinés à améliorer les capacités d’intervention des dispositifs opérationnels.  Dans cette optique d’anticipation soutenue des risques d’incendies de forêts, les autorités locales ont insisté, entre autres, sur la coordination intersectorielle, le renforcement des dispositifs d’intervention, la surveillance accrue des massifs jouxtant les habitations, l’implantation des points d’eau dans les espaces à risque. Elles ont estimé également important d’actionner les leviers de la culture citoyenne face aux risques et la maîtrise des facteurs aggravant le risque-incendie.  « Les collectivités locales ont un rôle essentiel à jouer dans les efforts de prévention », note le président du Club des risques majeurs, Abdelkrim Chelghoum, estimant nécessaire de renforcer tous les plans de prévention et de veille au niveau des territoires vulnérables et de les soutenir en fonction de l’évolution du risque-incendie, par des plans d’organisation de secours Orsec.

Saluant l’expérience notable des agents de la Protection civile dans la gestion des risques majeurs, il a relevé que les efforts de prévention gagneront davantage en efficacité dans le cadre de la mise en place d’une cartographie spatiale identifiant les risques potentiels à l’échelle du pays. Et d’estimer que ces moyens préventifs, alliant la dimension humaine et technologique, peuvent contribuer à réduire à hauteur de 70% les risques des feux de forêts.

La région du Sud, un point vulnérable à gérer

Dans une récente déclaration, le ministre de l’Intérieur, Brahim Merad, a souligné que le mouvement partiel opéré par le chef de l’Etat dans le corps des walis, notamment en faveur des wilayas d’Ain Defla, Ouargla, Bordj Badji Mokhtar et Ouled Djellal, permettra de redynamiser certains secteurs et de prendre en compte d’autres attentes de développement.  Parmi les dossiers évoqués par le ministre, figure la gestion des risques auxquels sont confrontées les collectivités locales, rappelant que les walis mutés vers les wilayas en question sont attendus sur la gestion des risques de la saison estivale, outre leur mission consistant à la prise en charge des attentes du citoyen, a-t-il affirmé à l’issue de la cérémonie de leur installation.

Interrogée sur les risques climatiques prévalant dans le Sud du pays, Fatoum Lakhdari,  chercheur sur les régions arides et l’agriculture Saharienne,  a souligné d’abord la nécessité d’axer tous les efforts sur la protection des populations à risque et des équipements publics des différents risques potentiels, notamment ceux dus aux changements climatiques. Et de rappeler l’impératif de limiter la construction dans les zones à risque dans les collectivités du Sud.

Compte tenu du risque que fait peser la donne climatique sur l’agriculture dans la région, cette experte agricole a relevé que l’agriculture saharienne se doit d’être adaptée au contexte imposé par les changements climatiques pour réduire les impacts économiques que peuvent entraîner certains risques tels que les inondations et dont les prévisions, soutient-elle, semblent de plus en plus difficiles dans cette conjoncture manquée par l’avènement de phénomènes extrêmes.

Aussi, l’experte a mis en avant une solution devant contenir les retombées de certains risques, notamment pendant la saison estivale. Il s’agit de minimiser les investissements dans les cultures d’été et les activités agricoles nécessitant une forte consommation d’eau, a-t-elle plaidé. Par ailleurs, elle a rappelé que le modèle saharien a toujours été résilient face aux risques, citant à titre d’exemple les oasis, microclimat favorable à l’agriculture, l’élevage et l’habitat.

Revenant sur les récentes intempéries ayant affecté quelques collectivités du Sud, notamment Ouargla, El M’Ghaier, Ghardaïa et El Oued, elle a appelé à l’intensification des mesures de prévention multirisques et la mise en place d’un plan-modèle en faveur des zones à risque pour faciliter particulièrement l’organisation des interventions opérationnelles dans les situations de catastrophe.

Les changements climatiques en cours et les différents impacts induits par leur ampleur mettent les collectivités locales et les services spécialisés devant le défi de mettre à profit leur expérience, notamment dans la gestion du risque-incendie qui représente non seulement un danger écologique, mais aussi une véritable menace pour le citoyen et le secteur économique. Aux yeux des experts, une bonne prévention, « c’est l’action combinée des moyens humains et technologiques ».

Hanny T.

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