Exercice de simulation d’un séisme à Bouira : La Protection civile déploie les grands moyens

Prés de 4000 éléments issus de 42 wilayas, des dizaines d’engins et d’ambulances, une base de vie, un poste de commandement avancé ultra équipé…La protection civile a déployé, ce dimanche, les grands moyens pour organiser un exercice international de simulation d’un séisme (seimex 2024) de magnitude 6,8 sur l’échelle de Richter dont l’épicentre a été localisé à quelques km au sud-est de la commune d’Oued El Bardi dans la wilaya de Bouira.

Objectif : tester et évaluer l’état et le degré de préparation des différentes équipes d’intervention représentant les détachements de renforts aux premières interventions (DRPI), la médecine des catastrophes, le groupement aérien et un détachement tunisien de recherche et de sauvetage (HUSAR) certifié aux normes de l’organisation onusienne Insarag. Ce déploiement d’envergure   se justifie par le fait que le tremblement de terre a causé  des pertes en vies humaines et des dégâts importants sur le tissu urbain, les infrastructures et les habitations dans quatre communes à savoir Oued El-Bardi, El-Hachimia, Sour El-Ghozlane et El-Asnam. Le bilan provisoire fait état de 39 morts, 105 blessés, 195 portés disparus, 3.326 personnes sans abri, 416 bâtisses détruites et 141 bâtiments fissurés.

Cet important événement a été supervisé par le ministre de l’Intérieur, des Collectivités locales et de l’Aménagement du territoire, Brahim Merad, en compagnie du directeur général de de la Protection civile, le colonel Boualem Bourrelaf, du directeur général de la Sûreté nationale (DGSN), Ali Badaoui, et du directeur général de l’Office national de la Protection civile tunisienne, Abdessamad Ben Jeddou, en présence du wali de Bouira et des autorités locales. «Ce qui distingue cet exercice, c’est sa grande portée et dimension, ainsi que le nombre de participants, ce qui permet d’évaluer les capacités de manière réaliste et précise. La variété des scénarios incluse dans l’exercice permet également de tester divers aspects opérationnels de la Protection civile, en plus de s’assurer sur l’efficacité des plateformes numériques qui ont été développées au niveau de ce dispositif qui s’inscrit dans la politique de numérisation menée par l’Etat», a précisé M. Merad.

Cet exercice est aussi unique par la courte durée effectuée pour regrouper et réunir un nombre important de personnels et de matériels, selon le ministre. D’ailleurs les équipes présentes se caractérisent par une totale indépendance en termes de prise en charge (besoins alimentaires et énergétiques et hébergement). «Ces acquis contribueront inévitablement de manière significative au renforcement des capacités de la Protection civile algérienne et à élever le niveau de préparation à faire face aux différentes catastrophes auxquelles le pays peut être exposé », a précisé le ministre,  annonçant la préparation de la 2eéquipe de l’Insarag dans  les wilayas de Bouira et Médéa.

Un fonctionnement minutieux

La communication revêt un rôle important dans la gestion d’une catastrophe. Pour ce faire, le colonel Farouk Achour, inspecteur à la Direction générale de la Protection civile, insiste auprès des directeurs de communication des diverses wilayas présents sur place comme Bejaïa, Bordj Bou-Arreridj, Sétif, M’sila, Djelfa et autres, sur la diffusion de l’information en temps réel pour tous les médias, et ce, à travers plusieurs outils et canaux de communication réunis pour faciliter cette tâche.

Durant cette catastrophe, d’abord une base de vie et des opérations a été installée à la zone industrielle d’Oued El Bardi, ainsi que le poste de commandement pour diriger les opérations d’intervention à travers toutes les communes touchées par le séisme. Ensuite, un plan est tracé qui repose sur une solide analyse des risques. Il reflète ainsi la nature des aléas ou des menaces, ainsi que les vulnérabilités et les capacités. Dans le cadre de la planification des scénarios, les éléments de la Protection civile envisagent la totalité des aléas possibles, puis tentent de donner la priorité à ceux qui correspondent le plus au profil de risque de la zone. Ensuite, les modules, dépêchés par la wilaya, inspectent leurs secteurs, font une estimation de l’intensité du séisme pour chaque zone endommagée et communiquent leurs observations au centre de commandement.

  Des équipes sont dispatchées par l’officier chargé de la coordination opérationnelle selon les besoins des zones sinistrées et effectuent des évaluations régulières. Les agents de la Protection civile sont dotés de téléphones cellulaires et des radios à grande portée au cas où les communications téléphoniques ne seraient pas opérationnelles. Ensuite, toutes les stations de pompiers sont inspectées et plusieurs équipes sont envoyées pour faire une estimation sommaire de l’étendue des dégâts. Après cela, des agents de la Protection civile sont en attente de nouveaux éléments d’information.

Des cartes géographiques sont affichées, des tableaux et des fiches d’inspection, de la grandeur d’un carnet de poche, sont systématiquement et continuellement remplis, des vidéoprojecteurs en data show, des explications directes avec le directeur général de la Protection civile, le colonel Boualem Bourrelaf, pour faire le point sur l’évolution de la situation. Aucun détail n’est laissé au hasard. Tout est étudié au millimètre près. Une forte concentration est demandée pour mieux mener les opérations. Une entraide et une vraie solidarité sont observées. Les éléments de la Protection civile n’ont pas besoin de se parler, ils se comprennent. Un remarquable automatisme. Ils mutualisent leurs efforts en vue de sauver des vies.

Cette manœuvre a ainsi pour but de maintenir en permanence l’état de préalerte desdits détachements, de tester leur réactivité et de mettre leurs effectifs à l’épreuve du terrain, en matière d’organisation (campement, autonomie alimentaire, logistique et adaptation aux nouvelles techniques opérationnelles acquises lors des cycles de formations spécialisées). Elle vise également à évaluer le temps de réponse des moyens opérationnels mobilisés, normaliser les techniques opérationnelles d’intervention, évaluer la coordination opérationnelle lors de l’activation des deux modes de gestion nationale et internationale ainsi que l’efficacité des nouvelles plateformes numériques de gestion et de coordination. La direction et l’encadrement technique de cet exercice sont assurés par des officiers supérieurs de la direction générale spécialisés dans le domaine de la gestion des catastrophes.

Selon les organisateurs, c’est une occasion pour mettre en exergue les progrès réalisés par la Direction générale de la Protection civile dans le domaine de la gestion des catastrophes, notamment en matière de formation et d’acquisition de moyens opérationnels efficaces». «Cette efficacité résulte de l’accompagnement et de l’engagement des pouvoirs publics à soutenir le développement des capacités de réponse de la Protection civile.»

De notre envoyée spéciale : Samira Sidhoum

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