Journée d’étude sur la protection du système des Foggaras : Un héritage hydraulique

Dans le cadre de la célébration du mois du patrimoine, le Centre des arts et de la culture au Palais des Raïs «Bastion 23» a organisé, mardi, en collaboration avec l’Association «Foggaras Tighdjemt pour la protection du patrimoine matériel et immatériel du Palais d’Oudaghag» à Adrar, une journée d’étude sur les risques relatifs au système d’irrigation traditionnel connu sous le nom de Foggara.

Des chercheurs et professeurs des universités d’Oran et d’Adrar ont abordé les initiatives et contributions locales qui visent à protéger cet héritage. En présence d’Amar Nouara, représentant de la ministre de la Culture et des Arts, du président de l’Assemblée populaire de la wilaya d’Adrar et d’autres professionnels.

Pour Faïza Riache, directrice du Centre des arts et de la culture du palais, les Foggaras en plus d’être un patrimoine, représentent la vie et la stabilité des habitants de la région. «Nous sommes à une époque qui a vu de nombreuses formes d’atteintes au patrimoine culturel. Il est de notre devoir d’agir et dans l’urgence pour protéger et préserver cet héritage», a-t-elle déclaré.

Le lancement du colloque a été précédé par la projection d’un court métrage documentaire réalisé par Omar Heddadji, chercheur et président de l’Association «Foggara Tighdjemt». Ce documentaire met en lumière les défis auxquels font face les protecteurs des Foggaras dans leurs efforts de restauration et de préservation face à la menace d’extinction et d’effondrement de ces systèmes d’irrigations. Hedadji a expliqué que les Foggaras jouent un rôle crucial dans le développement de l’agriculture de la région, elles représentent une source d’eau pour les animaux notamment, de rares espèces d’oiseaux et assure une stabilité et une justice sociale. «Notre association a pour but de protéger ce système hydraulique classé patrimoine mondial à l’Unesco», a-t-il lancé.

Mohamed Djafferi, Professeur à l’Université de Mostaganem et chercheur dans les énergies renouvelables en milieu désertique, a expliqué dans son intervention, le fonctionnement de ce système hydraulique millénaire. Selon lui, «il s’agit d’un fonctionnement conçu pour capter, acheminer et distribuer les eaux souterraines», avance-t-il. Cette dernière, se compose d’une canalisation souterraine légèrement inclinée qui permet de collecter l’eau depuis un puits et de la conduire jusqu’au bassin de distribution.

Par la suite, il a abordé le plus grand réservoir d’eau en Afrique, qui s’étend sous L’Algérie, la Libye et la Tunisie. Pour lui, la construction du grand fleuve artificiel par la Libye, puisant dans cette réserve d’eau, a eu des répercussions négatives sur le système des Foggaras. Mohammed Moulay, professeur à l’Université d’Adrar a axé son intervention sur les lois coutumières inscrites sur d’anciens manuscrits qui protègent les Foggaras.

Ces documents retracent et décrivent la genèse de ce système d’irrigation traditionnel, ainsi que les détails de la vente des mesures de répartition de l’eau entre les familles et les cultivateurs des oasis. Il a également proposé de créer des lois spécifiques aux Foggaras. «Il est nécessaire d’élaborer des décrets qui protègent et respectent ce patrimoine mondial, en plus d’organiser des sessions de formation dédiées aux jeunes pour les sensibiliser à la préservation de leur héritage», a-t-il souligné.

Souha Bahamid 

Bouton retour en haut de la page