Révision des taux d’intérêt bancaires : Booster l’investissement et l’économie

Le président de la République a chargé le ministre des Finances de réviser les taux d’intérêt bancaires élevés, incompatibles, selon lui, avec la politique d’encouragement de l’investissement. Expert en finance et fiscalité, Sellami Boubekeur a rappelé que quand le taux d’intérêt est élevé,  les investisseurs ne peuvent  bénéficier de crédits.

«Le crédit coûte plus cher aux investisseurs, notamment lorsque le montant demandé est important et qu’il s’agit d’un investissement lourd ou lorsque la durée de réalisation est longue», a-t-il expliqué. Dans ce sillage, il a rappelé que l’État peut intervenir par des orientations économiques, mais sans toutefois se mêler directement de la gestion des banques.

Sellami : «Une décision qui n’a pas un impact négatif sur l’économie»

Selon Sellami, la banque peut baisser les taux d’intérêt notamment quand elle n’est pas déficitaire, qu’il y a un intérêt économique et que les entreprises ont besoin d’argent. «On ne peut pas diriger les banques d’une manière directe avec des ordres, mais on ne peut pas aussi laisser les choses telles. C’est dans ce sens que le président de la République a instruit les responsables des banques commerciales et la Banque d’Algérie qui est le principal décideur concernant les politiques monétaires de réviser les taux d’intérêt des crédits. C’est une bonne décision à condition qu’on n’impose pas aux banques des taux d’intérêt qui impactent leurs résultats annuels», a-t-il soutenu.

Et d’ajouter : «C’est une décision qui va, d’une part, booster l’investissement et l’économie, et, d’autre, donner à la banque une nouvelle dynamique». Selon lui, le taux d’intérêt sera défini en concertation entre la Banque d’Algérie, les banques commerciales et le ministère des Finances afin de trouver des mécanismes monétaires pour baisser le taux. «C’est une décision qui n’a pas un impact négatif sur l’économie ni sur les finances du pays. Il suffit d’examiner la problématique en déterminant le taux minimal et maximal», a-t-il suggéré.

Un taux d’intérêt «acceptable»

Professeur à la faculté des sciences économiques de l’Université Aboubakr-Belkaïd de Tlemcen, Chaïb Baghdad a estimé que la demande d’une révision des taux d’intérêt bancaires est destinée à accélérer la réalisation des projets d’investissement en suspens et attirer les promoteurs et porteurs de projets qui se plaignent des hausses de ces taux. «Il revient aux banques de calculer le taux d’intérêt bancaire qui soit plus acceptable par les investisseurs, en tenant compte du nombre de crédits à allouer, des montants souhaités pour ces crédits et des avantages éventuels et potentiels que ces banques espèrent en tirer à travers l’octroi des crédits», explique-t-il.

Et de rappeler que chaque banque est libre de fixer le taux d’intérêt pour les investissements qui arrange ses affaires, précisant que des taux moins élevés vont capter plus d’investisseurs. Cependant, l’économiste relève que ce pourcentage pourrait être déterminé par rapport aux taux d’épargne. «Plus les épargnes sont consistantes, plus ces banques vont proposer des taux d’investissement plus attractifs pour les investisseurs», note-t-il.

Lutter contre l’inflation

Pour le spécialiste en économie Mourad Goumiri, c’est la Banque d’Algérie qui fixe le loyer de l’argent à travers le taux de réescompte ou refinancement des banques et traduit sa volonté d’ouvrir ou de fermer le robinet par lequel le crédit est octroyé. «Une baisse ou une hausse de ce dernier entraîne une politique d’argent facile ou le contraire, les banques n’étant que des intermédiaires monétaires et financiers vont se caler sur ce taux directeur pour alimenter les entreprises et les ménages», a-t-il énuméré.

Il a rappelé que la Banque d’Algérie a, jusqu’à cette décision du Président, mené une politique anti-inflationniste de manière à juguler l’inflation, voire la réduire. Il a ajouté que ses instruments privilégiés (taux de réescompte et taux de réserves obligatoires) lui permettent de contrôler la liquidité de l’économie et l’expansion de la masse monétaire en circulation. Pour lui, il convient de trouver un équilibre vertueux entre l’expansion monétaire, la croissance économique et un niveau d’inflation acceptable. «C’est ce qu’on appelle la quadrature du cercle», a-t-il conclu.

Amokrane H.

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