ARCHITECTURE : UNE PROFESSION EN QUÊTE DE VALORISATION
Aïssam Zemmal, expert en marketing international : « Une architecture de qualité est le signe d’une bonne santé économique »
L’architecture a un grand rôle à jouer sur le plan économique et en termes d’investissements, d’après l’expert en marketing international, Aïssam Zemmal. Pour les investisseurs étrangers surtout, précise-t-il, c’est le facteur et un indice d’une bonne santé économique d’un pays.
« Un urbanisme attrayant, une architecture aux normes et un design innovant sont un signe de bien-être et d’ouverture. Plus le visuel est attractif en plus d’être fonctionnel et plus ça donne envie d’investir, de s’installer. Les architectes, aujourd’hui, vu leur rôle pour assurer un bien-être et un mode vie de qualité aux citoyens, sont considérés comme de véritables acteurs économiques qui contribuent au développement d’un pays et parfois au développement durable », observe-t-il. C’est l’ambition, du moins, estime-t-il, de notre pays exprimée à travers l’institution du Conseil national de l’Ordre des architectes (CNOA), conférant à ces derniers un statut professionnel bien ficelé. La collaboration entre ce Conseil et le ministère de l’Habitat, de l’Urbanisme et de la Ville pour la mise en place de cahiers des charges les plus adaptés et les plus fructueux, selon lui, va contribuer à attirer les investisseurs, qu’ils soient locaux ou étrangers.
L’architecture, argument de la diplomatie économique
« C’est ainsi que nos architectes seront partie prenante dans le développement économique national. Quand la conception architecturale d’une zone industrielle, par exemple, implantée au cœur d’une zone urbaine, répond aux normes sur le plan sécuritaire et est attrayante sur le plan esthétique, elle ne peut que séduire les investisseurs quels qu’ils soient. C’est une garantie de plus en termes de qualité et de professionnalisme. Deux conditions exigées par tout investisseur qui se respecte », assure-t-il, appelant à ce que notre pays investisse davantage dans le secteur de l’architecture afin que cette dernière puisse assumer pleinement son rôle. C’est une condition sin qua non, estime-t-il, pour que notre pays puisse commercialiser d’une manière plus efficiente son image et sa marque « Investir en Algérie ».
« L’architecture, par ailleurs, est l’un des arguments phares de la diplomatie économique. Il s’agit d’abord de valoriser nos atouts visuels avant d’aller vers le fond. C’est d’abord le visuel qui séduit et ouvre le champ pour exploiter le fond », dit-il. Si les investisseurs étrangers, précise-t-il, constatent que nos constructions, que notre urbanisme et que notre architecture sont aux normes internationales, ils seront plus motivés pour s’installer dans notre pays. « Cela prouve que notre pays est en adéquation avec l’évolution mondiale, sans pour autant toucher à ses spécificités culturelles architecturales.
«Le marketing stratégique», un signe d’évolution
C’est ce que nous appelons «le marketing stratégique». C’est pour démontrer qu’un pays est disposé à évoluer dans tous les domaines et que la qualité prime sur le reste. Dans certaines villes d’Algérie, Oran, par exemple, ce but est atteint et nous espérons que ça sera de même pour la ville de Boughezoul », explique-t-il en affirmant qu’Oran est une belle illustration d’une ville contemporaine qui veille, en même temps, à valoriser son patrimoine architectural. Sur le plan touristique, indique-t-il, l’architecture et l’esthétique sont de la plus grande importance. « Plus nous disposons d’infrastructures, d’avenues, de ruelles, de quartiers, de bâtisses et de monuments attractifs esthétiquement parlant et plus nous attirons les touristes étrangers. Et plus nous attirons les touristes et plus cela encourage les investisseurs à se lancer dans des projets en rapport avec le tourisme », signale-t-il.
Plus des projets touristiques sont lancés et plus il y a l’ouverture de nouveaux commerces, de boutiques d’artisanat, de restaurants et la multiplication des activités touristiques, les guides et les agences de voyages, notamment. Il dira pour conclure qu’une ville moderne et attrayante peut influencer les investisseurs étrangers les plus réticents. « La raison pour laquelle nos architectes sont appelés à se déployer pour embellir nos villes, tout en valorisant nos styles culturels et notre patrimoine. Ils ont un grand rôle à jouer pour donner plus de poids à notre image de marque à l’international », soutient-il.
Farida Belkhiri