ARCHITECTURE : UNE PROFESSION EN QUÊTE DE VALORISATION

Architecture d'intérieur : Un long chemin à faire

Ces derniers temps, sur les réseaux sociaux, des formations dans l’architecture d’intérieur s’affichent de plus en plus, destinées essentiellement aux particuliers. Mais selon les professionnels du métier, ces formations sont, pour la plupart, l’œuvre d’amateurs.

«Il existe, certes, des entreprises spécialisées dans l’architecture d’intérieur, mais elles ne sont pas aux normes. Elles sont gérées par des autodidactes qui se sont formés tous seuls dans ce domaine via internet principalement, sans bénéficier de formations académiques dans l’architecture et encore moins dans l’architecture d’intérieur. C’est pour dire que ce marché, si nous pouvons le désigner comme tel, relève plus d’un travail d’amateurs que de professionnels», signale l’architecte Walid Zegrar qui a suivi une formation dans ce domaine en Russie.

En Russie, souligne-t-il, car il n’existe pas dans notre pays des modules pour l’enseignement supérieur de l’architecture d’intérieur dans nos universités et encore moins d’instituts ou de centres de formation réellement spécialisés. «Généralement parlant, un architecte bien formé est capable d’assurer l’intérieur comme l’extérieur. Mais comme nos architectes sont habituellement portés plus sur l’extérieur, des amateurs qui ne sont pas diplômés en architecture en profitent pour investir le marché.Ils suivent des vidéos sur le Net et font du copié-collé, ne faisant preuve d’aucune créativité», déplore-t-il, relevant que l’architecture d’intérieur appliquée dans les projets publics, de logements AADL et d’OPGI, entre autres, est loin d’être de qualité.

Amira Tindighar : La demande en architecture d’intérieur en plein essor

N’empêche que, selon la représentante de l’agence d’architecture spécialisée dans le design intérieur Shade In, Amira Tindighar, la demande sur ce type de service est en plein essor. «La demande provient surtout des particuliers pour la rénovation de leurs appartements ou de leurs maisons et des promoteurs immobiliers qui souhaitent ajouter une plus-value à leurs biens à vendre. Cependant, nous constatons depuis quelque temps un intérêt très significatif de la part d’infrastructures hôtelières et de restauration», fait-elle savoir.

Pour ce qui est de la formation, poursuit-elle, l’offre est principalement concentrée dans des établissements de formation privés. «Ces établissements proposent, toutefois, des formations qui souffrent d’un manque de structuration. Ils confondent souvent entre l’architecture d’intérieur, la décoration d’intérieur et la maîtrise des logiciels 3D. Ce qui impacte négativement l’exercice du métier d’architecte d’intérieur professionnel», rapporte-t-elle. Allant plus dans le détail, elle indique que des établissements proposent des programmes de formation qui semblent complets à priori, mais dont la qualité reste à vérifier. «La formation ne doit en aucun cas se limiter à la théorie. Il est impératif qu’elle soit suivie par de la pratique. C’est ce qui manque à la plupart des établissements de formation», conclut-elle.

Farida Belkhiri

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