Hichem Attar, PDG du groupe AOM Invest «La capitalisation boursière demeure insuffisante»

Spécialisé dans les études, le développement et l’exploitation de projets touristiques, AOM Invest est un groupe issu d’un partenariat public-privé dans lequel la Banque nationale d’Algérie (BNA) gère 30% du capital, au nom du Trésor public. Son fondateur, Hichem Attar en est le principal actionnaire. Il lance, courant novembre prochain, une opération d’émission de titres participatifs islamiques pour financer une usine de production de sucre bio. Le groupe AOM est actuellement en phase finale de préparation pour le lancement d’une opération d’emprunt obligataire islamique assimilée à des sukuk d’investissement. Selon Hichem Attar, le dépôt de la demande de visa, auprès de la Commission d’organisation et de surveillance des opérations de Bourse (Cosob) est prévu cette semaine. Suivra la signature d’une convention d’intermédiaire en opérations de Bourse (IOB) avec la Banque nationale d’Algérie (BNA). L’émission de ces titres, explique Attar «vise principalement les investisseurs institutionnels». Mais le groupe envisage de laisser une partie des titres au grand public, «avec une valeur nominale abordable de 1.000 DA/titre », précise-t-il. Ce sera une 1re émission d’un montant de 200 millions de dinars dont la rémunération sera indexée sur les résultats de la société. Les fonds qui seront collectés à travers cette opération «serviront à financer une usine de production de sucre bio, un produit alternatif au sucre blanc qui sera produit pour la première fois en Algérie», souligne Attar. Selon lui, l’option Sukuk a été choisie, à la place de l’emprunt classique en raison de l’engouement que connait cette finance auprès des investisseurs. «Le succès de la finance islamique au niveau des banques a montré une certaine attirance des investisseurs algériens pour des produits conformes à la Charia. L’opération d’émission des titres participatifs s’inscrit dans cette tendance d’autant qu’à ce jour il n’y a eu aucune émission de titres conformes aux principes de la finance islamique sur le marché financier», indique le PDG. Et d’expliquer que les titres participatifs sont assimilés aux sukuk et ont déjà reçu dans le passé la validation de leur conformité aux principes de la finance islamique par l’Autorité chariatique du HCI. «Nous attendons les textes réglementaires sur les sukuk pour monter d’autres opérations d’émission de sukuk pour financer nos projets qui sont actuellement dans la phase d’étude», affirme Attar. Pour lui, aussi bien les guichets islamiques que les sociétés de Takaful sont à la recherche de titres du marché financier conformes à la chariaâ pour le placement de leurs fonds. A la question de savoir quelle est la spécificité qui distingue le titre participatif islamique des autres produits boursiers, le PDG d’AOM fait remarquer que le titre islamique est «hybride, à mi-chemin entre l’action, qui est un titre de capital, et l’obligation qui est un titre de créance ». Le titre participatif est ainsi «une créance et une rémunération comprenant un taux d’intérêt et une partie variable, selon la performance de l’activité», ajoute-t-il. La nouveauté introduite par AOM consiste dans «la suppression de l’intérêt, tout en gardant la partie variable de la rémunération». S’agissant du marché des valeurs mobilières national, de manière générale, Attar affirme que depuis l’admission en Bourse d’AOM Invest, aucune nouvelle introduction n’a été enregistrée, «ce qui laisse la capitalisation boursière à un niveau encore insuffisant», dit-il. Sur le marché des émissions, à travers cette opération, «nous espérons contribuer à dynamiser le marché boursier», insiste-il. Tout en relevant la nécessité d’accélérer l’introduction en Bourse des deux banques publiques, le CPA et la BDL, pour relancer la Bourse d’Alger, Hichem Attar pense qu’il faudrait également «assouplir les conditions d’émission de valeurs mobilières pour encourager les entreprises privées à ouvrir leur capital à travers la Bourse». Selon lui, plusieurs tentatives ont été initiées par des entreprises privées mais n’ont pas abouti, «en raison d’exigences un peu contraignantes». Attar suggère aussi l’introduction de nouvelles catégories de valeurs mobilières adaptées notamment aux PME et aux start-up. «Le code du commerce en projet prendra en charge sûrement cette attente du marché», espère-t-il. Et d’ajouter qu’en ce qui concerne les fonds d’investissement, «il faut mettre rapidement en place la réglementation nécessaire à la création de fonds de capital risque, de fonds de placement de sukuk pour compléter les instruments financiers qui permettent de mobiliser l’épargne et l’orienter vers l’investissement ».

L. M.

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