Amine Soufari, compositeur, chef d’orchestre : «Je transmets la musique algérienne à un public non arabophone»

Amine Soufari évoque dans cet entretien sa passion, ses ambitions et son attachement pour la musique algérienne, et nous dévoile ses prochains projets.

Qui est Amine Soufari ?

Je suis compositeur, chef d’orchestre et chef de chœur, né à Laghouat. Mon travail est princi[1]palement ancré en Europe où je suis régulièrement invité en tant que chef d’orchestre et compositeur. Je suis à la tête de plusieurs formations, dont l’en[1]semble vocal «La Passacaille» au Conservatoire d’Istres, ainsi que l’ensemble «D’une Rive à l’Autre» dans les Cévennes en France. Je collabore également avec divers ensembles en tant qu’invité, notamment la maîtrise de Radio France, le Festival d’Art Lyrique, l’Opéra de Bruxelles et les Concerts de Poche. En tant que compositeur mes œuvres sont présentées dans plusieurs pays, du Canada à la Hongrie, en passant par la Chine, la Belgique, l’Allemagne et l’Espagne. Je suis régulièrement sollicité pour écrire de la musique pour une variété de formation, y compris des orchestres, des ensembles vocaux et des projets pédagogiques pour des écoles de musique et des conservatoires, ainsi que des initiatives scolaires visant à sensibiliser à la musique et à l’opéra. En outre, dans le cadre de mon travail, je continue à offrir des stages de chants polyphoniques axés sur la musique vocale, tout en dispensant également des stages et des master-classes sur la musique arabe.

Qu’est ce qui vous a poussé à embrasser une telle passion et carrière ?

J’ai choisi la direction d’orchestre et la composition pour plusieurs raisons. En Algérie, j’ai débuté mes études de piano dans les classes renommées de Raouf Fassi et Irina Khemkhoum. Durant cette période, j’ai eu la chance de collaborer avec la chorale de la Radio algérienne et l’Orchestre symphonique national d’Alger, ce qui a renforcé ma passion pour la musique orchestrale. Mon désir profond de diriger un orchestre s’est manifesté, mais j’ai rapidement compris que cela nécessitait l’acquisition de compétences spécifiques et plusieurs étapes préalables. C’est ainsi que j’ai pris la décision de me plonger dans l’étude de la musicologie, de l’orchestration, de l’harmonie et de l’écriture. J’ai poursuivi mes études en France jusqu’à obtenir un Master recherche-création. Parallèlement, j’ai également approfondi mes connaissances en composition et en direction de chœur, décrochant notamment les premiers prix au Conservatoire national de Marseille.

Quels sont vos liens avec l’Algérie ?

Ils sont profonds et significatifs, puisque c’est là que je suis né et que j’ai été imprégné de sa riche tradition musicale dès mon plus jeune âge. Cet héritage se retrouve dans mon travail de compositeur et de chef d’orchestre où j’incarne souvent des éléments de la musique algérienne dans mes compositions et mes interprétations. De plus, je continue à transmettre la musique algérienne à un public non arabophone, comme par exemple l’orchestre «D’une Rive à L’Autre», constitué essentiellement de musiciens et musi[1]ciennes francophones. Je reste aussi très lié à mon pays par ma famille. Chaque année, je m’y rends pour découvrir et explorer les belles régions de l’Algérie, nourrissant ainsi mon inspiration et ma connexion avec mes racines.

Prévoyez-vous une tournée dans le pays ?

Je suis en étroite collaboration avec Hacene Benissad, président de l’orchestre «D’une Rive à L’Autre» et soliste de l’ensemble, ainsi que Françoise Malazé, fondatrice de l’orchestre et musicienne. Nous travaillons en partenariat avec l’Institut Français d’Alger pour organiser une tournée en Algérie prévue pour octobre prochain. Nous attendons avec impatience les validations nécessaires pour concrétiser ce projet. Je suis particulièrement enthousiaste à l’idée de présenter ce programme entièrement algérien, porté par un chœur de femmes et un ensemble totalement francophone, qui ont hâte de se produire devant un public algérien.

Quels sont à présent vos prochains projets ?

Actuellement, je suis impliqué dans plusieurs projets en tant que compositeur. J’ai adapté et arrangé des pièces en arabe pour un chœur d’enfants, sur des textes de la chanteuse Hind Chraibi. Cette œuvre, une Co-commande de la mairie de la ville et de l’Association Les Vallonnés, sera présentée le 24 mai à l’auditorium du Conservatoire d’Aix-en- Provence, dirigée par Brigitte Fabre et accompagner par mon quintet Atmaten. En parallèle, je viens de terminer l’écriture de plusieurs chansons algériennes qui vont être interprétées le 19 juin prochain au château de la Tour d’Aigues par 120 musiciens et choristes de l’école de music sous la direction de Vincent Caldère.

En tant que chef d’orchestre, je dirige l’orchestre «D’une Rive à L’autre» de musique algérienne le 15 mai prochain à la scène nationale d’Ales. En août, je donne un stage de musique d’ensemble baroque pour chanteurs et instrumentistes à Marsillargues. Pour clore l’année
en beauté, je vais diriger deux grandes œuvres: le Requiem de Haydn et le Stabat Mater de Pergolèse pour chœur et orgue avec la participation du chœur de la Passacaille et de solistes invités en novembre prochain à Istres.

Entretien réalisé par Hamai Kenza

Bouton retour en haut de la page