Djamâa El-Djedid (Alger) : Histoire et prestige

Implanté sur la place des martyrs, dominant majestueusement la mer d’Alger, Djamaâ El Djedid, autrefois baptisé Mosquée El Hawatine, tire son appellation de l’endroit où se concentre l’activité de pêche et de vente de poissons frais, communément nommé Labichiri ou Semaka.

Un hommage gravé à gauche du mihrab authentifie la genèse de cet édifice religieux emblématique, érigé en l’an 1070 de l’hégire, correspondant à 1660 de l’ère chrétienne. Voici la transcription :«Gloire à Dieu seul. Celui qui cherche à connaître le bienfaiteur à l’origine de ce monument historique saura qu’il est l’œuvre de l’assistant de Hadj Habib, construit en 1070 de l’hégire, soit l’année 1660 de l’ère chrétienne.» Surplombant l’une des entrées de la mosquée, une inscription proclame :«Avec l’assistance du Tout-Puissant, cette mosquée a vu le jour sous son règne glorieux, que Dieu guide les pas de nos valeureux soldats et récompense chacun d’eux par mille bénédictions.»

La mosquée se distingue par son architecture singulière, véritable chef-d’œuvre d’une beauté exceptionnelle, illustrant parfaitement l’art de l’architecture islamique. Ainsi, le visiteur se laisse émerveiller par la grâce et l’élégance de cette structure qui a rehaussé la splendeur de la ville d’Alger. Son design évoque celui de la Sainte-Sophie à Istanbul, devenue par la suite un modèle officiel pour la construction des mosquées de l’ère ottomane.

Dès l’entrée dans la salle de prière, l’observateur est captivé par l’architecture raffinée qui orne chaque recoin de la mosquée, plongeant dans les méandres de l’histoire. L’élément qui attire immédiatement l’attention est la présence de deux minbars. Le premier, un antique minbar en bois, trône au centre de la salle de prière, réservé à l’imam pour les prêches et les enseignements. Il mène également à la sadda, une estrade surélevée, soutenue par quatre colonnes, utilisée pour l’enseignement et la récitation du Coran, réservée aux notables de la ville. Quant au second minbar, tout aussi important, il est une œuvre d’art provenant de la Mosquée de la Dame, démolie par la France coloniale deux ans après l’invasion de l’Algérie en 1832. Sculpté dans du marbre tunisien et italien, il incarne un héritage précieux.

La nouvelle mosquée arbore également quatre saddas distincts au niveau supérieur, l’un d’eux étant destiné aux femmes. En outre, au sommet de l’édifice, un passage en bois, une dharbouz, entoure la mosquée, servant à la peinture des murs et au nettoyage du toit, une caractéristique ancienne. La profusion de sculptures forme une mosaïque qui enchante les spectateurs. Elle abrite également une collection d’objets rares, dont quatre chaises en bois destinées aux dignitaires religieux lors des cercles d’étude, ainsi qu’un candélabre en cuivre pur offert par Ali El Khaznaji, comme en témoigne l’inscription datée de l’an 1141 de l’hégire.

Les murs de la mosquée sont percés de petites fenêtres en marbre blanc, apportant une lumière naturelle à l’intérieur, tandis que les encadrements de portes, tous en marbre blanc d’Italie, ajoutent une touche d’élégance. Le minaret de la mosquée, une tour à base carrée, reflète l’essence maghrébine. Imposant, de forme carrée, il est surmonté d’une horloge murale installée en 1852. Bien que sa hauteur initiale de 29,5 mètres ait été réduite sous les Amirin, atteignant désormais 25 mètres, il demeure un symbole de majesté.

K. Y.

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