L’architecture traditionnelle de Tizi-Ouzou, témoin d’un savoir-faire multimillénaire

L’architecture traditionnelle qui subsiste encore dans les anciens villages de la wilaya de Tizi Ouzou en dépit des aléas du temps et de l’envahissement massif du béton, est le témoin d’un savoir-faire local multimillénaire, ont observé des experts dans le domaine.
Les anciens villages de la région de Kabylie sont le fruit d’un savoir-faire et d’une architecture traditionnelle, adoptée par les habitants de cette partie de l’Algérie et qu’on retrouve dans d’autres anciennes villes du pays, telle que la Casbah d’Alger, ont relevé des architectes dans des déclarations à l’APS à l’occasion du mois du
patrimoine (18 avril-28 mai).
L’expert indépendant et ancien directeur de recherche du Centre national d’études et de recherches intégrées du bâtiment (CNERIB), Ahmed Brara, a cité, pour exemple, les passages couverts du village d’Ath Lahcene dans la
commune d’Ath Yenni (Tizi-Ouzou) qui est un élément architectural qu’on retrouve à la Casbah d’Alger bâtie par Bologhine Ibn Ziri. C’est aussi le cas pour les petites mosquées qu’on retrouve aussi bien en Kabylie qu’à
Bordj Bou Arreridj, au village ancien d’El Ksour.
Il s’agit des mêmes éléments architecturaux qui remontent à des millénaires et ce mode de construction, est « un produit purement local et n’est pas importé », a insisté M. Brara. « Il s’agit d’une accumulation de
savoirs qui nous est parvenue », a-t-il dit.
Le mode de construction ancien se caractérise par l’utilisation de moyens réduits et de matériaux locaux et écologiques (pierre, terre, bois), pour ériger des bâtisses qui s’intègrent à l’environnement, ont noté les
architectes Rabea Dif, Selma Khazem et Sarah Rezzouk.
Abordant les changements que vivent plusieurs villages de la wilaya de Tizi-Ouzou, où les maisons traditionnelles sont soit abandonnées soit démolies pour être remplacées par des constructions modernes, l’architecte Zoulikha Ait Lhadj de l’université de Tizi-Ouzou, a observé, pour sa part, que l’architecture traditionnelle est « un pur produit populaire local, tandis que celle des maisons contemporaines ne l’est pas en sa grande majorité, du fait de l’intervention de technicien ».
De son côté, Sadia Badene qui s’est intéressée aux mutations de l’habitat villageois et ses incidences sur le patrimoine vernaculaire, a relevé que « l’urbanisation accélérée du village traditionnel entraine une
transformation de son patrimoine vernaculaire menaçant la perte du savoir-faire et son histoire ».
 Le tourisme et l’artisanat pour préserver les villages anciens
Pour préserver les villages traditionnels et léguer le savoir-faire architectural ancien aux futures générations, des architectes ont préconisé de développer les activités touristique et artisanale afin de redynamiser ces espaces.
Mme Badene a appelé, dans ce sens, à réhabiliter les habitations anciennes et à promouvoir les activités artisanales et le tourisme rural avec l’affectation de budgets pour revitaliser le village.
Un avis partagé par Mme Dif, Khazem et Rezzouk qui ont travaillé sur la préservation du patrimoine architectural de Kabylie et qui ont préconisé également la mise au point d’un plan de tourisme et le développement de
l’artisanat.
La sauvegarde de l’ancienne maison kabyle s’avère nécessaire pour tirer profit des notions et du savoir-faire de cette architecture qui démontre les principes d’une logique environnementale et durable, ont-elles estimé.
D’ailleurs, par nostalgie, mais aussi pour des perspectives touristiques, des villageois ont entamé, à travers certaines communes de la wilaya de Tizi-Ouzou, la réhabilitation et la restauration des maisons
traditionnelles en vue d’en faire des maisons d’hôtes, pour des touristes en quête de dépaysement.
Toutefois, ces travaux de restaurations ne sont pas souvent faits selon les normes et on assiste à l’intégration d’éléments modernes, ont déploré des architectes qui ont insisté sur l’importance de faire l’inventaire des
anciens villages et de relever au maximum les éléments architecturaux anciens et le mode d’occupation de l’espace, pour ne pas laisser disparaitre le savoir-faire des aïeuls.
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