Exposition de Yasmine Mebtouche au CCU : Scènes de détresse et de souffrance

Une vingtaine d’œuvres sont accrochées aux  murs de la salle d’exposition du centre culturel universitaire (CCU) des sciences humaines, situé à quelques pas de la mosquée «El Rahma».  Yasmine Mebtouche sous le  thème « dans l’ombre de l’humain»  présente ses tableaux  jusqu’au 4 mai prochain.

Autodidacte, l’artiste n’a pas suivi une formation en art mais  dit avoir commencé le dessin dès  l’âge de 4 ans, à  l’école primaire où  elle s’est  mise à réaliser de courtes bandes dessinées et à écrire plusieurs histoires basées sur la fantaisie et l’aventure. Dans sa première exposition individuelle, Mebtouche dévoile  des dessins qui sont, pour la plupart, des portraits ou des scènes de détresse et de souffrance accompagnées de poèmes qu’elle a composés.

Ses vingt dessins poignants réalisés sur de simples feuilles blanches offrent au visiteur une expérience visuelle et émotionnelle qui  transporte au cœur des souffrances des personnages représentés. A travers l’exposition, elle espère  «aider les gens à regarder les sujets souvent cachés des traumatismes, de la violence et de la mort».

«J’ai conscience que ce sont des sujets qui peuvent être déprimants, mais pour moi ces souffrances font partie de la vie et ont besoin d’être davantage mises en avant», a-t-elle poursuivi. Selon  elle, le choix du matériel et les petites dimensions relève de l’usuel et du pratique.  «J’ai toujours estimé que  l’art ne nécessite pas de grands moyens. Le papier, bien que trop fin et aux dimensions petites, m’a paru, dès lors, un choix naturel et une habitude et  j’ai tendance à travailler avec du matériel accessible», a-t-elle renchéri. Son intention principale est de mettre en avant le retrait ou la disparition de la bonté de l’humanité face à des événements traumatisants et violents sans les définir de manière explicite. Tout en laissant place à l’interprétation personnelle, la peintre tente d’inciter le visiteur à réfléchir sur des thèmes profonds tels que la nature humaine, la résilience et les conséquences des traumatismes sur l’humain.

L’artiste a puisé  son inspiration  de documentaires et articles historiques, d’ œuvres cinématographiques et témoignages relatifs au génocide rwandais de  1994, au  massacre de Nankin en Chine et à la Première Guerre mondiale qui, pour elle, a marqué un tournant dans l’histoire humaine. «Les témoignages réels et les œuvres créées où adaptées par des hommes qui ont réellement connu l’horreur m’ont beaucoup bouleversée et inspirée», explique-t-elle.

Sans se rattacher à  un style artistique bien précis, elle se laisse porter par le crayon et suit son instinct pour tenter d’aider les gens à regarder la souffrance en sachant qu’ils ne sont pas seuls. «Dans l’ombre de l’humain» se veut en somme une interprétation artistique des traumatismes, des souffrances que l’être humain endure, et qu’il enfouit  dans l’ombre de son existence.

En exposant des réalités souvent cachées, l’artiste espère sensibiliser le public à la complexité de l’expérience humaine et à la nécessité d’aborder ces sujets avec compassion et réflexion.

 Souha Bahamid

 

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