60e anniversaire de l’émission du dinar : Un symbole de souveraineté nationale

Deux années après l’indépendance, le dinar algérien (DA) est venu remplacer le franc français qui avait cours dans notre pays depuis 1848. La Banque centrale d’Algérie, créée par la loi 62-144 votée par l’Assemblée constituante le 13 décembre 1962, avait émis 4 billets de 5, 10, 50 et 100 DA qui furent mis en circulation le 10 avril 1964.

Pour marquer cette date importante, le forum de la mémoire organisé, mercredi, par l’association «Machaâl Echahid» et le quotidien El Moudjahid a invité l’enseignant universitaire Saâdane Chebaïki. Ce dernier a d’emblée rappelé que la monnaie est un symbole de souveraineté nationale. Il a ensuite évoqué les files de citoyens qui s’étiraient devant les banques et les bureaux de poste pour échanger les francs contre les nouveaux dinars.

«Le franc était frappé à Alger, à Ruisseau où existe encore l’imprimerie qui tire les billets de banque», a-t-il affirmé. Pour des raisons politiques et économiques, l’Algérie resta dans la zone franc durant les deux premières années de l’indépendance. En 1963, la Banque centrale d’Algérie avait pour mission de préparer la confection des premiers billets. En 1964, la nouvelle monnaie algérienne, le dinar, défini par 180 mg d’or pour l’unité, est instituée. «A ce titre, l’Algérie devient le premier pays africain et arabe à frapper sa propre monnaie», a rappelé le conférencier.

Les nouvelles autorités avaient donné des directives à toutes les institutions, telles que les banques, la poste, les recettes des impôts et les Douanes, pour échanger le franc contre le dinar à la clientèle.

«Il n’existe pas de monnaie similaire pour deux pays. Chaque nation émet sa propre monnaie, pièces ou billets, sauf dans le cas d’alliances économiques et politiques, comme c’est le cas dans l’Union européenne où les 27 pays utilisent l’euro», a-t-il ensuite expliqué.

Les billets comme les pièces représentent toujours un symbole de notre histoire comme les figures historiques, les sites archéologiques et historiques. «Certains billets sont peints à l’époque par de grands artistes, notamment Omar Racim, Issiakhem et Temmam», a-t-il fait savoir.

Chebaïki est ensuite revenu sur la valeur de la monnaie nationale. «Le dinar a perdu 60% de sa valeur depuis son émission. A l’époque, la valeur du dinar ou autre monnaie était déterminée par la quantité d’or que possédait le pays. Dans les années 1970, cette règle a été remise en cause par les Américains pour qui la valeur de la monnaie est en rapport avec la valeur de la production nationale d’un pays dans tous les secteurs», a-t-il fait savoir.

L’intervenant a enfin mis l’accent sur la monnaie hors du circuit bancaire. «L’informel a englouti 46% de la masse monétaire nationale. A long terme, cela aura des conséquences sur la disponibilité de liquidités et plus encore sur la capacité de  l’Etat de payer par exemple les salaires», a mis en garde Chebaïki.

Karima Dehiles

Bouton retour en haut de la page