Avant-première de«La Famille» de Merzak Allouache: Un film tourné dans l’urgence

De notre envoyé spécial à Annaba : Hakim Metref

Le réalisateur algérien, Merzak Allouache, a été l’invité d’honneur du Festival du film méditerranéen qui lui a rendu hommage dans la soirée de samedi dernier. Pour l’occasion, il a présenté l’un de ses derniers films, «La Famille», réalisé en 2019.

Le film met en scène un ancien cadre corrompu, Merouane, et sa famille, qui, lors du mouvement populaire de 2019,tente de quitter le pays pour échapper à la justice. Son épouse Khadidja, femmes snobe, essaie alors de vendre leurs biens mal acquis pour prendre la fuite.

Sur fond de Hirak, Allouache présente une société en mutation avec une touche de dérision et d’humour. Il tente de transmettre les états d’âme d’une famille dont la fille qui prend part au Hirak se retrouve déchirée mais finit par accepter de suivre ses parents dans leur fuite.

Le film réalisé au moment même où se déroulent les faits est présenté, pour la première fois,en Algérie. Son tournage a eu lieu dans l’urgence. «Nous entrions alors dans la période de la pandémie de la Covid-19 et le malaise commençait à se sentir même dans l’équipe de tournage», a relaté Allouache.

Après la projection, des comédiens distribués dans le film comme Hamida Aït El Hadj (Khadija), Hacen Benzerari, Nardjes Asli, Khaled Benaïssa, Mohamed Seghir Bendaoud, ont salué le talent du réalisateur.

Aït El Hadj étalera sa rigueur et son sérieux. «Il s’est fixé un délai de trois semaines et n’a accepté aucun retard.C’est fatigant de travailler ainsi, mais il nous soutenus et j’avais des partenaires professionnels», a-t-elle raconté.

Selon Khaled Benaïssa, «Allouache travaille dans l’urgence et nous ne laisse pas le temps de prendre du recul part rapport aux événements».«Je peux dire que c’est le réalisateur algérien quia l’énergie, la rapidité et les réflexes d’un auteur qui témoigne sur son temps. Ce n’est pas par hasard qu’il est réalisateur. Il a filmé toutes les périodes de l’Algérie depuis les années 1960».

«Il peut faire des films à un million d’euros, comme il peut en faire à un million de dinars. Rien ne peut l’arrêter», a-t-il estimé.

«Je travaille sur la société algérienne et je traite des choses qui m’interpellent», a affirmé Allouache. «En2019,je suis venu en Algérie et j’ai assisté et observé le Hirak et je voyais beaucoup de gens filmer.

Je m’attendais à voir beaucoup de films, mais malheureusement, rien n’a été fait», a-t-il poursuivi. «J’ai alors écrit très vite mon scénario, car j’avais envie de raconter cette histoire», a-t-il ajouté.

Pour lui,«ce n’est pas un film documentaire mais de la fiction sur des personnages précis et non sur l’histoire de l’Algérie. «Je travaille avec des personnages fictifs auxquels j’essaie de donner de l’étoffe, et j’ai eu la chance d’avoir des comédiens exceptionnels», a-t-il expliqué.

Pour Allouache, «le cinéma a besoin de liberté et de financements. Ce n’est pas seulement l’Etat qui doit financer, le privé doit aussi s’impliquer».

S’adressant enfin aux jeunes cinéastes, il leur recommande de toujours penser à leur prochain film et de toujours tourner». «Notre public est assoiffé de cinéma. Il faut ouvrir les salles et produire des films pour tous les goûts»,a-t-il lancé.

 

Hakim Metref 

 

 

 

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