Les résolutions de la rencontre de Tunis se concrétisent : Un mécanisme pour exploiter les eaux souterraines communes dans le Sahara

La décision des dirigeants Algérien, tunisien et libyen, les présidents Abdelmadjid Tebboune, Kaïs Saïed et Mohamed Younes El-Menfi à Tunis, d’activer au plus vite des mécanismes conjoints pour l’exploitation des eaux souterraines communes dans le Sahara septentrional, a pris forme mercredi à Alger à la faveur d’un mémorandum d’entente signé, par le ministre de l’Hydraulique, Taha Derbal, le ministre tunisien de l’Agriculture et des Ressources en eau et de la pêche, Abdelmonem Belati et le vice-ministre libyen des Ressources en eaux, Mohammed  Faraj Qunidi.

Dans une allocution de circonstance, Derbal a remercié les experts pour le travail qu’ils ont accompli en trois réunions consécutives, pour aboutir au document final qui a été signé hier, affirmant que ce projet permet d’ouvrir «ensemble une page prometteuse dans le domaine vital des ressources en eau, auquel tout processus de développement est lié». Il a rappelé que ladite réunion intervient deux jours après la rencontre de Tunis «qui a exprimé la ferme volonté d’établir une coopération commune pour faire progresser les économies des trois pays et faire face aux défis imposés par la délicate étape que traverse la région». Le ministre a expliqué que le mécanisme qui sera mis en place dans ce cadre n’est que le début d’autres domaines de coopération, étant donné les nombreuses opportunités disponibles, faisant remarquer que la question de l’eau a été au centre de l’agenda international ces dernières années. Cet intérêt croissant, enchaîne-t-il, réside dans l’utilisation accrue de l’eau à l’échelle mondiale pour plusieurs raisons, notamment la croissance démographique, l’expansion urbaine, l’industrialisation rapide et la quête pour assurer la sécurité alimentaire, le tout dans un contexte affecté par les effets négatifs liés au changement climatique.

«C’est un contexte que nos trois pays connaissent depuis plusieurs décennies. Une situation qui nous oblige à approfondir la connaissance de nos ressources en eau pour les préserver. La mise en place du mécanisme de concertation exprime la volonté qui nous anime tous d’intensifier la coordination et l’échange d’informations et de données concernant nos eaux souterraines. Attribuer un siège fixe et permanent à Alger à ce mécanisme lui permet de fonctionner confortablement dans un cadre clairement défini et codifié qui sert les intérêts des Etats», a-t-il précisé, en faisant remarquer que cet accord consacre la souveraineté de chaque pays sur les ressources en eau dont leurs terres en regorgent.

L’accord n’est pas «symbolique»

Le représentant de l’Etat tunisien a, pour sa part, annoncé que cette réunion importante a pour but de signer le mémorandum d’accord pour la gestion conjointe du bassin du Sahara septentrional. Ce qui représente, selon lui, une étape importante vers le renforcement de la coopération régionale dans le domaine de la gestion des ressources en eaux souterraines. Il a espéré que ce document marque le début du renforcement de la coopération entre les trois pays pour parvenir à une utilisation et une gestion durables des ressources en eau dans la région.

«Nous sommes conscients de l’importance des ressources en eau dans le développement des sociétés. Pour parvenir au développement durable, nous prenons les mesures nécessaires pour préserver cette richesse vitale et parvenir au développement durable de la région. La signature aujourd’hui du mémorandum d’accord n’est pas seulement symbolique. Il s’agit plutôt d’une véritable expression de notre volonté sérieuse de travailler ensemble pour préserver ces ressources vitales pour nos générations futures», a-t-il indiqué, faisant remarquer que les risques climatiques augmentent considérablement et qu’ils ont un impact direct sur les ressources en eau, l’agriculture et les écosystèmes en général.

D’après lui, les systèmes économiques et sociaux dépendent de la stabilité climatique et constituent un élément de survie. Autrement dit, la gestion de l’engagement doit être plus ciblée et plus précise tout en soutenant les efforts aux niveaux local, national et régional. Il a plaidé ainsi pour préserver les ressources en eau et développer des technologies pour faire face aux nouveaux défis auxquels la région estconfrontée, soulignant que cette coopération peut être renforcée en mettant à jour les données disponibles sur les eaux souterraines dans le bassin désertique du Nord dans le cadre d’une analyse hydrologique qui se base sur des techniques de télédétection telles que les satellites. Le représentant du Gouvernement d’unité national libyen a insisté, quant à lui, sur l’importance d’établir une coopération et une coordination conjointes dans tous les domaines pour renforcer l’action commune arabe et africaine, «représentée lors de la réunion des dirigeants des trois pays en Tunisieil y a deux jours».

«L’Etat libyen accorde une grande attention aux ressources en eau. Il œuvre à leur développement pour parvenir à un développement durable. Nous espérons une coopération accrue dans le cadre de la future politique visant à créer une coopération positive dans le domaine du partage des ressources au niveau du désert du Nord, y compris l’exploitation de l’eau», a-t-il déclaré, en confirmant que ce projet jette les bases d’une coopération constructive au service des peuples de la région. Les défis auxquels la région est confrontée sont nombreux, souligne-t-il, ce qui nécessite un suivi, une évaluation, un échange d’expériences et une participation dans le domaine de la gestion des eaux souterraines. Enfin, il a affirmé l’engagement de la Libye à coopérer avec ses alliés et à faire en sorte à ce que les tâches du mécanisme de consultation soient «un succès».

Développer une nouvelle approche

Cette rencontre a été sanctionnée par la Déclaration d’Alger, laquelle a confirmé au nom des trois responsables que ce projet est essentiellement basé sur les liens de fraternité qui unissent les trois pays et la profondeur des relations historiques, économiques, culturelles et sociales qui les rassemble. «La signature de cet accord incarne la volonté sincère et la ferme détermination des dirigeants de nos trois pays d’adopter de nouveaux plans d’action efficaces pour renforcer et diversifier les liens de coopération et de partenariat stratégique, en vue de renforcer leur sécurité hydrique et leur capacité à remporter des paris communs», affirme cette Déclaration lue par directeur général des ressources en eau au ministère algérien de l’Hydraulique, Hocine Benmouafek.

Ce document final a tenu à rappeler l’importance des ressources en eau dans la réalisation du développement durable et son rôle en tant que «facteur de paix», de stabilité et de développement pour les trois pays. Il a souligné également la nécessité «urgente» de développer une nouvelle approche visant à préserver les intérêts communs et à renforcer la coopération et la coordination dans le domaine des ressources en eau de manière durable, en tenant compte du principe de souveraineté de chaque Etat sur ses eaux souterraines.

Aya Malak

Bouton retour en haut de la page