Colloque international sur Cheikh Abdelkrim Dali :  Le patrimoine musical mérite plus d’attention

Les travaux du colloque international sur Cheikh Abdelkrim Dali, organisé par la fondation qui porte le nom de l’artiste, sous le patronage de la ministre de la Culture et des Arts, ont pris fin ce samedi.  La rencontre de trois jours, qui s’est déroulée au Théâtre national algérien Mahieddine-Bechtarzi, a vu la participation de plusieurs experts algériens et étrangers qui exploré les dimensions artistique et historique d’un des chantres de la musique classique algérienne.

Lors de la dernière  journée, le Pr Manuela Cortes, enseignante et chercheure à l’Université Fernade en Espagne, a présidé une session autour du  thème «La préservation du patrimoine musical algérien». Le Dr Lamia Bouhadiba, avocate des droits culturels à l’Université Paris 1 Panthéon, a abordé le rôle du droit algérien dans la sauvegarde du patrimoine. Selon elle, les législations qui accordent une protection particulière au patrimoine immatériel, notamment la musique, sont rares. «Par contre, en droit algérien, il y a une reconnaissance explicite pour ce qui est du patrimoine matériel et immatériel», a-t-elle lancé.

Cet intérêt se retrouve  dans la Constitution algérienne et dans  l’article 12 de la loi 98-04 relative à la protection du patrimoine culturel. «Le droit algérien développe un arsenal de règles qui sont spécifiquement destiné au patrimoine immatériel», a-t-elle relevé. Elle a rappelé ensuite que l’Algérie a déjà fait un pas en faveur de l’intégration de certains éléments de son  patrimoine musical sur la liste représentative de l’Unesco, notamment le chant populaire du raï, l’imzad, qui est un instrument monocorde traditionnel du genre du rebab utilisé  dans la musique touareg et au Gourara.  Elle a en revanche fait remarquer que la musique arabo-andalouse n’y figure pas. Pour ce faire,  il est nécessaire, selon elle, «de préciser les éléments à intégrer, de fixer les frontières géographiques de chaque élément». «Les musicologues et  ethnomusicologues doivent déterminer les composants des différents patrimoines afin de pouvoir les intégrer à la liste de l’Unesco», a-t-elle recommandé.

L’Onda, le bouclier des créateurs

La seconde conférence a porté sur «le rôle de l’Onda dans la protection des œuvres de musique classique traditionnelle». Le Dr Chems-Eddine Haddad, cadre supérieur à l’Office national des droits d’auteur et droits voisins, a rappelé que le droit d’auteur en Algérie a un caractère constitutionnel, en vertu de l’article 74 de la loi fondamentale.

Ainsi, l’Onda œuvre pour la protection des œuvres littéraires et artistiques, la gestion collective du droit de l’auteur et des droits voisins, la protection sociale des auteurs et des autres membres et encourage la créativité et la protection des œuvres du patrimoine culturel traditionnel. L’intervenant a par la suite expliqué que les  œuvres du patrimoine culturel font partie du patrimoine culturel immatériel.

De ce fait, il bénéficie, a-t-il assuré, «d’une protection juridique, conformément à la loi sur les droit d’auteur et les droits voisins et dispose d’une protection particulière à travers une licence d’exploitation». Il a précisé en conclusion que ces mécanismes ne constituent qu’une assise à  la protection de la musique classique algérienne. «On doit tous s’impliquer néanmoins dans la préservation du patrimoine pour que les règles de la loi se concrétisent».

Après la clôture du volet scientifique du colloque, la grande vedette de la musique andalouse, Lila Borsali, a animé, à 19h30, un concert musical artistique intitulée «L’intemporel Cheikh Abdelkrim Dali». Elle a interprété des  chansons incontournables du Cheikh qui ont marqué l’histoire de la musique classique algérienne.

Souha Bahamid

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