Présente dans les secteurs phare : L’Algérienne de plus en plus ambitieuse

Au cours de ces dernières années, de plus en plus de femmes algériennes prétendent à des postes de hautes responsabilités dans des secteurs clés, notamment la justice, l’éducation, l’administration, la recherche et la science et même militaire et sécuritaire. Une ambition qui se présente, parfois, sous forme d’un défi pour certaines d’opportunité qu’elles saisissent au vol pour d’autres.

L’époque où la femme algérienne appréhendait d’occuper un poste de haute responsabilité est révolue. Aujourd’hui, elle ose. D’autant qu’elle est fortement encouragée par les pouvoirs publics, et ce, afin d’être au-devant de la scène dans divers secteurs clés et vitaux pour le pays et que le taux de réussite des étudiantes au sein des universités est des plus élevés. C’est dire que l’Algérienne est assez outillée, en instruction et en ambition, pour assumer de hautes responsabilités. Ceci pour peu qu’elle le veuille.

«De par ma personnalité, j’ai toujours aspiré à un rôle de leadership et de prise de décisions au sein d’une institution. Pour ce faire, j’ai œuvré afin de prouver mes compétences. Ma persévérance, mon dévouement, ma passion pour le travail et ma disponibilité sont les clés de ma réussite. Faire preuve d’initiatives dans l’accomplissement de mes tâches est un atout qui a toujours été en ma faveur», indique Amel Ramla, conseillère en communication du ministre du Tourisme et de l’Artisanat. Elle confie que la valorisation de ses compétences et de son travail par ses responsables a été d’un grand soutien dans sa carrière professionnelle. Une carrière qu’elle a amorcé en commençant par le bas de l’échelle, en occupant divers postes administratifs, avant d’occuper celui de conseillère.

«J’ai gravi toutes les étapes de l’administration. Chose qui n’était pas toujours facile quand on est confronté à un quotidien très prenant et exigeant. Cela a été difficile, certes, mais je ne regrette aucune de ces étapes. Elles m’ont permis d’acquérir une solide expérience dans différents domaines et renforcer ainsi mes capacités dans le leadership, la gestion et la communication», soutient-elle. Et de faire remarquer que son poste exige de nouvelles compétences en continu pour gérer des projets, assumer des tâches et des responsabilités de plus en plus importantes et être au diapason des évolutions et des nouvelles tendances dans le secteur de son activité. Ce qui nécessite, fait-elle savoir, un grand investissement dans son développement professionnel et personnel.

Des défis à relever

«Le chemin vers les postes de haute responsabilité est plus ardue pour une femme. Avant de me lancer dans un tel chemin, je me suis informée d’abord pour en identifier les embuches et y faire face. Il était essentiel de fixer des objectifs clairs dès le départ et de travailler de manière proactive pour les atteindre. Je me suis préparée pour ne pas tomber dans le découragement», explique-t-elle. Concilier vie professionnelle et vie familiale n’a pas été des plus simples pour elle.

«Cela demande une grande organisation du temps, une communication claire avec son entourage professionnel ainsi qu’avec sa famille. Il ne faut pas s’oublier entre les deux et se donner le temps de se ressourcer et ne jamais hésiter à demander de l’aide lorsque c’est nécessaire», révèle-t-elle. La femme algérienne, note-t-elle, fait toujours face aux stéréotypes, aux contraintes sociales, aux attentes familiales. N’empêche, fait-elle remarquer, que de plus en plus de femmes accèdent, de nos jours, à des postes de responsabilité, et ce,  grâce à leurs compétences et à leur détermination, mais aussi aux efforts déployés par les pouvoirs publics en faveur de l’égalité des chances entre les femmes et les hommes dans le milieu professionnel. «Si nous réussissons à instaurer un équilibre entre vie professionnelle et vie personnelle, si nous faisons preuve de patience et de volonté, rien ne peut nous empêcher d’être à la hauteur de nos ambitions», assure-t-elle.

Pour Zhour Madi Laouamri, chef d’entreprise dans un secteur phare, à savoir l’efficacité énergétique, assumer un haut poste de responsabilité n’est pas le fruit d’une ambition, mais d’une opportunité saisie au vol.

«Être chef d’entreprise n’était pas mon objectif principal. J’avais de l’ambition, certes, mais elle était plus concentrée sur mon développement personnel, pour renforcer mes compétences sur le terrain et relever de nouveaux défis. Puis, un jour, une opportunité s’est présentée à moi pour être à la tête d’une entreprise, que je n’ai pas hésité à saisir. Pour moi, c’était plus un challenge à relever qu’une ambition à proprement parler», relate-t-elle. Relever ce défi, indique-t-elle, était tellement excitant qu’elle n’avait pas fait grand cas des difficultés qui en découleraient.

«Je me suis pleinement engagée dans cette démarche, en ne comptant que sur mon expérience et mes compétences, et surtout, sur ma volonté de réussir et de mener à bien cette responsabilité. Cela m’a demandé un travail acharné, parfois jusqu’à l’épuisement. Il fallait que je sois sur tous les fronts pour assumer mes responsabilités envers mes employés et ma famille. Au fait, concilier vie professionnelle et vie familiale est un autre défi, et de taille, à relever», indique-t-elle.

Elle a eu de la chance, dit-elle, d’être soutenue par ses proches. «Ce soutien en toutes circonstances a été le moteur de ma réussite professionnelle. Je me suis souvent retrouvée dans des situations difficiles, me poussant à redoubler d’efforts pour faire mes preuves et être prise au sérieux dans un environnement très masculin. Le fait que je travaille dans un domaine aussi masculin est une source de motivation supplémentaire. Ma réussite ne peut être que des plus exaltantes», conclut-elle.

Concilier famille et travail

Le Pr Chafia Touil-Boukoffa a, quant à elle, investi, le monde de la science, celui précisément de la biologie et de la biochimie. Ses performances lui ont permis de contribuer à la fondation de l’Académie algérienne des sciences et des technologies (AAST), placée sous la tutelle de la présidence de la République, et remporter le titre de présidente de la section sciences de la nature et de la vie au sein de cette institution.

«Embrasser une carrière professionnelle dans la recherche et la science était pour moi plus qu’une ambition. C’était un rêve. Un rêve qui a agi comme un catalyseur, me poussant à me donner à fond dans le domaine de la recherche. Ainsi, après avoir obtenu mon magister, j’ai fais une découverte internationale dans le domaine médicale, sur l’interféron dans les sérums prodigués aux patients algériens atteints d’hydatidose», raconte le professeur, spécialiste en biologie cellulaire et immunologique.

Cela l’a encouragée à pousser plus loin ses recherches, surtout après avoir obtenu son doctorat d’État et pris part à des congrès internationaux aux États-Unis, en Chine, en Allemagne, en Italie, en Suisse et en Grand-Bretagne, à l’occasion desquels elle a décroché plusieurs prix. Elle a reçu, entre autres, le prix MilsteinAward en 2005 à Shanghai, en 2007 à Oxford, en 2008 à Montréal et en 2009 à Lisbonne. Elle a également gagné une bourse d’excellence à San Diego, aux États-Unis, et à Turin, en Italie, ainsi que le Prix du meilleur chercheur en 2009 de l’Agence thématique de recherche en sciences de la santé.

Son équipe de recherche a obtenu le prix Avicenne de la Société algérienne d’ophtalmologie en 2006, le prix national de l’Agence nationale pour le développement de la recherche universitaire en 2008, le prix de laSociété internationale pour la maladie des poches d’eau et celui de l’Organisation mondiale de la santé en 2017. «Il faut dire que la recherche en immunologie est une grande passion pour moi que j’ai transmise aux membres de mon équipe, composée d’une trentaine de chercheurs. J’ai mis en place cette dernière en 2000 dont la plupart des membres sont aujourd’hui docteurs et professeurs», dévoile-t-elle, soutenant que sa sélection au sein de l’AAST a été pour elle une véritable consécration.

Une consécration, poursuit-elle, qui a fait suite à un appel de la part de la Direction générale de la recherche scientifique et du développement technologique afin de soumettre ses projets à évaluation par des éminentes personnalités académiques étrangères. «Ma passion pour la recherche me permet de m’épanouir. Je suis toujours en quête de réponses aux questions qui m’interpellent. J’ai développé, dans ce sens, plusieurs projets de recherche dans le domaine de l’immunopathologie, de la biomédecine et des biotechnologies en santé humaine, illustrés dans plusieurs publications dans des revues internationales de haut niveau», affirme le professeur qui a mené, en parallèle à la recherche, une carrière pédagogique très riche pour former et encadrer les masters, les magisters les doctorants. Pour elle, transmettre le savoir aux jeunes est une autre passion.

«Dans le domaine de la recherche, il ne faut jamais baisser les bras. Les femmes doivent s’imposer par l’acharnement au travail et surtout par l’excellence. La recherche est une vocation avant tout, exigeant une grande détermination et beaucoup de patience. La recherche, c’est utiliser la science pour la science. C’est un travail à plein temps», certifie-t-elle. Être chercheur et mère de famille, confesse-t-elle, nécessite de la disponibilité, mais aussi beaucoup de sacrifices.

«J’ai dû faire des sacrifices pour réussir à arriver à un équilibre entre ma vie familiale et ma vie professionnelle. J’ai eu de la chance, tout au long de mon parcours, de jouir d’un grand soutien de la part des membres de ma famille, de mon époux particulièrement. Aujourd’hui, je suis assez fière de dire que j’ai su mener à bien mes responsabilités envers ma famille et envers mon travail à force de persévérance et d’organisation», relève-t-elle.

F. B.

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