Formation médicale continue : Renforcer les compétences des médecins généralistes 

La constante évolution en médecine se traduit par de nouvelles découvertes et le recours à des technologies de plus en plus sophistiquées et aux  protocoles de traitement émergents. Pour suivre ces évolutions, la formation médicale continue (FMC) des médecins généralistes revêt une importance capitale.

Pour le Pr Azeddine Mekki, chef de service pédiatrie au CHU Nafissa-Hamoud (ex-Parnet) la FMC offre aux généralistes l’occasion de développer et d’améliorer leurs compétences cliniques en matière de diagnostics, de techniques de traitement ou de gestion des cas complexes pour offrir  des soins plus efficaces et adaptés aux besoins spécifiques du patient.

«Dans le cas des maladies rares, médecins généralistes et pédiatres ne peuvent diagnostiquer à temps celles-ci sans une formation médicale complémentaire», insiste-t-il. Pour notre interlocuteur, certaines pathologies demeurent méconnues par les praticiens parce qu’elles ne sont pas bien enseignées durant le cursus d’où l’importance d’organiser régulièrement les journées de FMC à travers tout le pays. «Le généraliste est le socle de tous les système de santé. Si on veut élever le niveau de la santé en Algérie, il faut passer à la formation de ces médecins», insiste-t-il.

Selon lui, partout dans le monde, la FMC est obligatoire et le médecin de famille est considéré comme le maillon principal dans la prise en charge des malades. «Dans plusieurs pays, le patient doit d’abord passer par un médecin généraliste  qui  seul décide s’il nécessite une consultation spécialisée» explique-t-il

Pour le Pr Ahmed Nekhla, chef de service de chirurgie thoracique et vasculaire au CHU Nedir-Mohamed de Tizi Ouzou, les  orientations du ministère de la Santé sont claires. «Il nous a été demandé d’organiser des journées de FMC, en dehors des CHU et de cibler les praticiens exerçant dans des centres et structures de proximité des secteurs publics et privés», précise-t-il. Pour lui, le généraliste a le droit d’être au courant des innovations et des évolutions dans le domaine de la médecine. «Le médecin de famille doit être au premier rang dans la prise en charge des patients. Il a besoin d’être valorisé et formé sur toutes les nouveautés du domaine», soutient-il.

Par ailleurs, spécialistes et généralistes doivent renforcer leur collaboration pour réduire la pression et la saturation des CHU. «Même après une consultation spécialisée, le patient doit revenir au médecin référent pour assurer son suivi et éviter les déplacements, notamment pour ceux qui habitent loin des CHU», recommande-t-il.

Pour le Dr Ali Diaf, médecin généraliste exerçant depuis 30 ans, dans de nombreux pays, la participation à la formation médicale continue est obligatoire. «Ailleurs, rappelle-t-il, le patient n’est pas admis en consultation spécialisée s’il n’est pas orienté par un médecin référent qui connaît le malade et les pathologies dont il souffre. «Nous n’avons pas encore cette culture. Le généraliste est peu valorisé alors qu’il doit jouer un rôle central dans le diagnostic précoce, surtout des maladies asymptomatiques et la prise en charge des patients», souligne-t-il.

Outre la nécessité de rester à jour dans un domaine en constante évolution, les médecins ont également une responsabilité éthique pour maintenir et améliorer leurs compétences professionnelles. «À la différence du spécialiste, le médecin généraliste s’occupe non seulement de la maladie mais aussi du malade lui-même, surtout dans le cas des maladies dépressives», fait-il remarquer.

Interrogé sur les raisons du discrédit du médecin généraliste, Diaf fait savoir qu’ «il y a 30 ans, la médecine générale était un choix. De nos jours, elle est exercée dans la plupart des cas par ceux qui n’ont pas été admis à l’examen de résidanat». Les soucis des généralistes «bousculés» par la prolifération des spécialistes sont nombreux. Le premier est le devoir de se renseigner et de s’adapter.

Samira Belabed

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