L’industrie du ciment face aux enjeux du développement durable : La donne climatique à prendre absolument en compte

L’impact des changements climatiques représente des enjeux considérables pour les entreprises industrielles, celles surtout versées dans la production minière et du ciment.

D’après les estimations chiffrées rapportées par l’expert en économie et des questions climatiques Nazim Sini, la production de ciment représente 6% des rejets de CO2 à l’échelle planétaire et figure parmi les process de production les plus énergivores et les plus polluants. «Cette problématique est un véritable défi à relever par ces entreprises. Ces dernières sont appelées à s’adapter à ce nouveau contexte marqué par les changements et surtout le réchauffement climatique, et ce, à travers la sensibilisation notamment de leurs collaborateurs, mais aussi à travers la mise en place de processus permettant la diminution des rejets deCO2», indique-t-il. Aujourd’hui, estime-t-il, il s’agira, pour ces entreprises, d’adopter de nouvelles approches stratégiques avec la mise en place de process d’atténuation des rejets de CO2 par la solarisation, entre autres, des sites de production devant être dotés de systèmes de compensation pour chaque tonne de CO2 rejetée.

«Il faudra penser aussi à revoir le système organisationnel des entreprises. Les changements climatiques se distinguent par des périodes de canicules très fortes, impactant ainsi la production, les performances des travailleurs et la santé de ces derniers. Il faudra donc, d’ores et déjà, penser à un réaménagement des horaires qui contribuera à réduire le taux d’absentéisme et même d’accidents dutravail», recommande-t-il. De même qu’il suggère la délocalisation de certains sites de production industrielle implantés dans les zones côtières inondables ou à risque. «Tout cela devra être mis en place progressivement durant les 20 prochaines années. La donne climatique doit être prise en compte désormais dans l’élaboration de stratégies industrielles», conclut-il.

Le groupe Holcim Djazaïr justement s’inscrit pleinement dans cette démarche climatique, et ce, par l’adoption de solutions innovantes vertes. Lors d’une rencontre avec la presse, mercredi à Alger, la directrice de Geo-cycle, Karima Fareha, a indiqué que le but de cet évènement est de partager l’expérience de ce groupe industriel dans le développement durable.

«Il faut savoir tout d’abord que nos installations répondent à la réglementation locale et internationale relative à l’environnement. Nous priorisons, en fait, les énergies renouvelables», assure-t-elle en annonçant la mise en marche, le mois prochain à Bordj Bou-Arreridj, de la première station solaire à 100%, de 560 MW, pour la production des sacs de ciment. HolcimDjazaïr est la seule usine en Algérie, soutient-elle, qui détient cette technologie solaire. Le groupe, poursuit-elle, compte d’autres produits et solutions verts pour atténuer les rejets en CO2. «Nous sommes déjà dans la production du ciment vert que nous avions baptisé ‘Chameléco-planète’ permettant la réduction des déchets de CO2 à 40%. Actuellement, la plus importante de nos solutions est la géo-cycle», fait-elle savoir. Cette dernière contribue à la valorisation et à la préservation de nos ressources naturelles, et ce, par le recyclage des résidus, comme la boue de pétrole et les déchets des produits métallurgiques, pour la production de ciment.

«Grâce à cette solution, nous allons pouvoir exploiter les résidus à la place des produits naturels, nous permettant ainsi de préserver nos ressources tout en réduisant les rejets de CO2», conclut-elle. Mieux, selon le CEO de HolcimDjazaïr, Nicolas George, ce groupe industriel compte investir 400 millions de dollars pour la production du ciment vert avec zéro CO2. «Nous allons lancer un investissement de 30 millions de dollars en 2024 et 50 millions entre 2025 et 2026 pour la production et l’export de plus de produits finis possibles», confie-t-il.

Le groupe va se lancer, par ailleurs, révèle-t-il, dans la production de nouveaux produits qui ne sont pas disponibles sur le marché et réduire ainsi les importations et renforcer la production locale. Le groupe ambitionne d’exporter plus de 4 millions de tonnes de ses produits au cours de cette année, la raison pour laquelle un programme d’investissement sera intensifié. Dans ce cadre, précise le groupe, 18 millions de dollars sont déjà investis.

Farida Belkhiri

 

Bouton retour en haut de la page